24 oct. 2007

On a diné chez Marie-Antoinette


Ce soir ou plutôt hier, dîner d'anniversaire (le mien !) avec FEML&J ("L" pour love, le reste, je le lui décrypterai). Restaurant du Meurice avec Yannick Alléno, effectivement en cuisine (c’est toujours un plus si le chef est en cuisine, n’est-ce pas, Messieurs, qui collectionnez les Macarons et le chiffre d’affaires en dollars…).

Ainsi, donc, c’était comme dans ce film si agréable de Sofia Coppola : très réussi, chargé en impressions et une invitation à la bonhomie… en fait honnêtement, ce fut GRAND, et pas chargé en impressions, mais riche de bonheurs savamment agencés et additionnés. Après de multiples déceptions dans les collections de Macarons Michelin (vous faites comment pour décevoir autant ? Thank God leurs pneumatiques sont plus fiables), voici un moment de pur bonheur incarné dans une tradition qui ne saurait être que française, et d’extase culinaire.

Le décor renvoie à un style Marie-Antoinette revisité avec du fric, les assiettes sont laides, mais les mets sont divinement présentés («divinement», j’insiste et le but n’est pas d’être affecté), et puis ce rose omniprésent depuis les amuse-bouches jusqu’aux desserts… On aime !

Surtout il y a la… nourriture, non, mieux, cette chose qui s’absorbe et se jouit (dictionnaire ??). L’œuf de poule cuit 70 min. à 67°C (on aime la perversité) avec son caviar osciètre : mariage neutralisant puis décuplant avec la gelée de pomme verte à l’anis… un tourbillon de saveurs et de sensations en bouche…

Si on devait s’émouvoir sur une des nombreuses qualités de la cuisine de Y. Alléno, ce serait surtout sa maîtrise des textures et du ressenti des matières en bouche, un morceau d’oignon craquant dans cette émulsion, ce soyeux d’une royale d’oignon (on sait ce n’est pas noble, mais là c’était divin !!). Et aussi que ces textures ont toujours un sens convergent avec leur goût inhérent… je délire, mais vraiment j’attendais depuis si longtemps ce bonheur.

Je note au passage : la gelée acide de Radis, l’émulsion de Châtaignes à la mousse de Truffe blanche, le Foie gras poché qui savait s’effacer devant le Turbot après avoir dompté les Algues… et le dessert hautement homosexuel : la Pomme d’amour démoniaquement revue, acide, fouettée au chocolat blanc (ça a du goût… je dis cela pour tous les Macarons qui ont massacré le chocolat blanc) et violentée par une framboise perverse (décidément on aura compris ce combien la perversité trône haut parmi les qualités, dans mon système de valeurs culinaires).

En plus, on a pu tester un vin dont je possède trop peu de bouteille en cave – un Meursault Charme 2001 des Comtes Lafon…. FEML&J, LN (code provisoire), on s’y met ?!!!

Au rang aléatoire des critiques faciles : il faut retirer le Cristal 96 à 1 050 euros la bouteille de la carte. En effet, à ce prix, si on en a encore en cave, on n’ose plus en boire ! FEML&J, LN, à l’aide !!

Il ne faut pas donner de carte muette d’office au plus jeune des deux convives – même au Meurice, il peut se faire qu’on n’invite pas un ou une ami(e) de location.

Il faut rembourrer l’avant de la galette du fauteuil (ou dire à la grosse dame du déjeuner dont le mari avait demandé de ne lui confier qu’une carte muette pour la faire se sentir désirable, de mieux s’asseoir !).

Encore un mot pour ce jeune Maître d’Hôtel qui se décarcasse et dont on sait pourquoi il est heureux : vous êtes à l’unisson de ce lieu et de votre chef, dont j’ai déjà dit assez de bien.

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