22 oct. 2007

Vous tous qui restez, soyez dignes de nous...

Je ne crois pas qu'il était bon d'édicter l'obligation de lire la dernière lettre de Guy Môquet. Le pathos est trop facile - l'histoire mérite d'être expliquée autrement que par l'exemple aussi poignant soit-il.

Sur la méthode, c'est une obligation venue d'en haut de plus... bel exemple d'une capacité à rendre l'Etat plus lourd et plus complexe... et cela témoigne d'une confusion des genres : pourquoi demander à tous les profs de lire la lettre (un prof de sciences nat' a quelle crédibilité pour la commenter ?) et non pas en faire un point spécial du programme d'histoire ou de français ?

Enfin le pied de nez à ceux qui en revendiquait l'héritage exclusif est un peu trop gamin. De l'élégance, que diable !

Mais la réaction de syndicalistes partisans qui oublient leur rôle éducatif et qui défient leur hiérarchie (toujours ce même souci éducatif, peut-être ?!) m'exaspère plus encore ce soir.

Quant à l'ancien ministre de la culture qui craint que la jeunesse du pays soit trop sensible et ne comprenne pas cette glorification du sacrifice, 1- il est trop tard pour se soucier du bonheur de la jeunesse quand on a été si longtemps aux affaires en laissant tant les choses se dégrader pour elle (notamment en défendant les avantages acquis des générations précédentes), 2- la littérature regorge de très beaux exemples d'extrémités et d'affres de l'ame humaine, de Christiane F à Alexis Ivanovitch (le Joueur !) en passant par des Esseintes, et on censure depuis quand ?!

"(...) Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme (...) Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine (...) Courage ! (...) Vous tous qui restez, soyez dignes de nous (...)"
Guy Môquet

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