BadBoy est un anti-clérical assez affirmé qui a -a fortiori- beaucoup de mal à être tolérant avec les pratiques orthodoxes... le scénario de "Tu n'aimeras point" (Eyes Wide Open à Cannes) tel que rapporté par les médias donne à peu près cela : "Aaron, joué par Zohar Strauss [BadBoyPostIt remarquable], est un boucher respecté de la communauté orthodoxe de Jérusalem, un "juste", marié et père de quatre enfants. Peu après la mort de son père, il rencontre Ezri - interprété par le célèbre acteur israélien Ran Danker [BadBoyPostIt moins remarquable quoique superbe, plus star'ac mais très convaincant] - un jeune homme échoué à Jérusalem. Ezri veut étudier. Il n'a ni toit, ni famille. Il est beau. On devine qu'il est venu là pour retrouver un homme qu'il a aimé mais qui le rejette. Aaron accepte de l'employer dans sa boucherie et de l'héberger dans la réserve, à l'étage. Petit à petit, les deux hommes s'éprennent l'un de l'autre. Et s'aiment. Malgré la réprobation croissante du quartier." BadBoy avait envie d'en savoir plus... Y aurait-il pardon ? [ah ah ah]
Evidemment cela ne pouvait pas bien finir, la société aux mains de la religion ne peut que broyer ces comportements qui demeurent hors des normes. Déjà dans un Paris consumériste sans religions, ce serait compliqué... BadBoy n'avait pas d'espoir.
Mais le film est superbe, filmé avec une justesse, une économie de mots qui rend compte sans caricaturer des vies d'une communauté orthodoxe (donc ?) totalement dans la reproduction systématique de schémas inculqués. Le budget devait être un peu serré et il a fallu garder au montage des plans pas si parfaitement filmés avec des flous ratés, mais les cadrages, la lumière, les nettetés et les profondeurs de champs, le rythme, tout cela est beau et bon.
Ce film pourrait être déprimant, mais comme nous savons ce qu'est l'obscurantisme, nous savons que la lutte est en cours, donc contentons nous de jouir de sa juste dénonciation et de son élitisme impuissant : les juifs orthodoxes, qui n'ont en principe pas le droit de regarder des films, verront-ils "Tu n'aimeras point" ?
La papauté romaine ne s'en trouvera pas non plus plus impressionnée, mais la réalité plus que l'Art la rattrape par ailleurs : on a les ouailles que l'on peut et les cadres que l'on mérite comme en témoigne les déboires de la droite populiste italienne entraînée par Berlusconi et ceux du dirigeant du journal de l'épiscopat italien.
Pour résumer, Le Monde rapporte que le directeur de ce journal, "Avvenire, qui mène la charge contre les frasques du chef de gouvernement italien, (...) Dino Boffo a démissionné après la divulgation par le quotidien Il Giornale, propriété du frère de Silvio Berlusconi, [BadBoyPostIt : totalement neutre, on croirait le Figaro !!] d'affaires de moeurs le concernant. En réponse aux attaques d'Avvenire, qui épinglait M. Berlusconi et "sa faiblesse déclarée pour les jeunes actrices en fleur", Il Giornale avait traité M. Buffo "d'hypermoraliste" et "d'hypocrite", évoquant une affaire dans laquelle le responsable catholique aurait harcelé l'épouse d'un homme avec lequel il aurait eu une relation homosexuelle." Voilà qui est bon et bien !!
8 sept. 2009
Tu aimeras toujours
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2 commentaires:
Je partage avec Badboy l'intéret qu'il a rencontré pour ce très beau film "Tu n'aimeras point", film qui nous montre le grand écart réalisé entre une existence exigeante et rigoureuse (pour être gentil), et une tentation par le désir, suivi de l'éclatement en morceaux de cet équilibre.
Pour moi le grand intéret du film réside dans le fait que tout se passe dans la tête et dans le coeur du héros, qu'il donne en permanence l'impression de se condamner lui-même, d'éprouver du mépris à sa propre encontre alors qu'il sait au fond de lui qu'il n'y a là aucun péché (sauf évidemment celui de l'adultère...).
Zohar Strauss est impressionant prêtant ses yeux magnifiques à un homme semblant porter tout le malheur du monde sur ses épaules. Même dans les moments où il succombe aux charmes du jeune Ezri (sublime !), c'est la peine qui semble l'emporter chez lui....
Il faut dire que la mise en scène, austère, écarte presque intégralement le côté charnel de la passion amoureuse!
Et c'est peut-être là que j'ai trouvé la limite du film, jamais ennuyeux mais un rien hermétique pour le spectateur.
Je ne partage en revanche pas avec Badboy son raccourci facile et un rien (beaucoup) démago : juifs ultra orthodoxes = papauté romaine = ouailles ( catholiques) imbéciles = Berlusconi pourri et mafieux....
Tout ce mélange et amalgame me semble bien rapide et tout à fait indigne de lui !
Comme dirait un de mes amis : "Il nous avait habitué à mieux ..."
@Louis : merci pour ta confirmation subtile de ma vision du film.
Pour le reste, je suis indigne au sens propre ! Bon pas complétement...
Sur le thème de la papauté, que j'utilise certes un peu facilement comme générique de la frange rétrograde de l'église catholique (mais le collège d'élection du Pape aurait pu voter différemment), je tiens à l'égalité de traitement et de jugement entre les orthodoxes de la plupart des cultes (ne seraiot ce que pour éviter des accusations faciles dans le cas des relligions minoritaires). Je me suis en effet exprimé un peu rapidement sur les "ouailles que l'on mérite" pour décrire le marigot de l'électorat italien dont les femmes se signent comme un réflexe, tout en votant pour une droite populiste aux méthodes sales comme sa presse, donc profondément contraires aux Ecrits : il est amusant de voir les coups bas entre hiérarques de la papauté et de la berlusconie qui s'appuient in fine sur la même masse.
Maintenant, no worries, je confesse que je conçois que l'on peut être pratiquant d'une religion ou à tout le moins la revendiquer, sans dépendre psychologiquement de l'église qui incarne séculairement cette religion (et encore moins cautionner tout ce qu'elle dit et fait), et sans faire partie du marigot.
Je referai mieux !
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