BadBoy a vécu dix années glorieuses depuis son retour des colonies, un épanouissement certain dans des vies qui ne le remettaient pas trop en cause, des grands moments de bonheur en couple que suivaient des crises amoureuses qui le faisaient se replier tellement sur lui-même (déjà qu'il est un peu égocentrique...) qu'il ne vivait plus, ni ne changeait rien aux paramètres de sa vie, intermèdes dont il refermait vite la parenthèse (il ne va pas ici hiérarchiser les couples et les ruptures, tout a compté, chacun dans son moment et d'ailleurs chacun est toujours essentiel).
Bref, il a vécu dans la perspective de bien-être supérieurs, prolongements de ce qu'il vivait ou croyait vivre ou, au pire, de ce qu'il croyait venir. Quant à ses périodes de célibat, en dehors de quelques furtifs épanchements très cachés et sans témoins, au hasard téléphonique, elles n'avaient de sens que parce qu'elles se finiraient "marié", et ses périodes de mariage n'existaient que parce qu'elles étaient définitives et exclusives (qu'il croyait !).
C'était un peu la jeune Cécile de V sortant du couvent avec quelques éruptions "hormonéennes". C'était génial pour BadBoy dans les périodes de couple (mais peut-être pas toujours pour ses chéris au même moment) et c'était horrible pour lui en dehors.
Tout récemment, il a constaté qu'il allait droit dans le mur, qu'il était juste fou, au sens propre de reproduire les mêmes choses en espérant un résultat différent, que ce n'était pas aux autres de se réformer mais lui qui devait revisiter tant de choses. Son but supérieur puisqu'il y croyait, devait avoir nécessairement une forme élastique, une structure non-homogène et variable dans le temps. Il ne pouvait tout contraindre à l'épouser. Il fallait oublier les histoires d'amour d'adolescence qui rendent heureux à 70 ans, conneries d'une littérature fumeuse... Il fallait comprendre qu'Hadrien avait eu plusieurs vies, que son amour d'Antinous n'avait duré que parce que le jeune bythinien avait disparu... Qu'il fallait accepter des choses qu'il n'avait pas vécues depuis quinze ans, accepter la générosité des bonheurs innocents et sans visibilité à court terme, en particulier. Evidemment devant les expériences accumulées, ce n'était pas un choix ; c'était une nécessité.
Depuis trois semaines, depuis une certaine expérience, il a opté pour des fous-rires furtifs, des plaisirs d'ado découvrant le corps de l'autre, des flirts non-consommés, des abandons de programme de dernière minute passeke fait-ch..r, des nuits trop courtes car le dîner trop long ou post-vernissage a presque empiété sur son rendez-vous du lendemain matin, des cochoncetés assumées, des enchaînements stakhanovistes d'activités qui lui font envie, des courses non-faites, des dîners ou des soirées où il connaissait peu de monde et où il irait parler aux autres inconnus, des appels intempestifs à ses amis... Il fait même son cinéma à la Cour avec des demandes extravagantes.
Et il est heureux, comme dans les grands moments de complicité avec ceux de toujours, ni plus ni moins, moments qui heureusement existent sous une forme nouvelle - la seule limite étant de s'interdire de faire du mal aux autres (ce qui n'est pas facile à juger car quand on est BadBoy on croit tellement qu'on est indispensable qu'on croit toujours faire du mal aux autres en n'étant pas là).
Aux dernières nouvelles, BadBoy a eu envie de faire son BadBoy d'il y a dix ans, il a remis une veste pour une soirée, comme un mec de son âge et de son background qui s'assume, soirée où il ne connaissait qu'une faible portion des teufeurs... il a vite zappé les nauséeux, il est allé franco vers un but, il a été vraiment très heureux avec tous les autres.
C'est juste un symptôme... Durera-ce ou ne durera-ce point ? On en reparle.
[un dîner à celui qui cromprendra le choix de l'illustration]
28 oct. 2009
Pour une jouissance à court terme
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2 commentaires:
Fais tu allusion à la pièce "LE MIRAGE" d'où est tiré le livret de cet opéra ? Mirage dans lequel tu sembles avoir été...
@Scallop : je ne savais pas, donc pas ça !!
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