Le magazine US Time s'est fendu le 21 novembre d'une couverture et d'un article sur le thème "the death of French culture".
La France dans l'ensemble a répondu avec élégance en ignorant sobrement cette ineptie, éventuellement dans le cas de Libé en y voyant une convergence d'intérêts avec Sarko (cas évident d'inquisition gauchisante, mais passons), toujours en s'en offusquant... mais personne n'a déclaré la guerre sur l'instant ! Avec un peu de recul, ma colère passée, je peux maintenant autopsier ce crachat.
L'article du Time raille la prolifération de festivals de province et dit grosso modo ne pas avoir vu émerger de grand cinéma français depuis Truffaut, de grand romancier depuis Proust, de grande chanteuse depuis Piaf. Effectivement difficile d'être ému par tant de bétise. Evidemment notre culture est moins centrale dans un monde plus multipolaire, évidemment c'est la fin des empires post-coloniaux. Mais Air vs. RappeurBlingBling, ça tient la route (enfin même perso, oserais-je, je préfère !), Amélie Poulain ou Besson vs. ConnerieMadeInHollywood ça crame les yankees, les Bienveillantes, un américain l'a écrit en français, Perrotin est encensé à ArtBaselMiami et Pinault est un collectionneur majeur (dans l'art plastique contemporain, la domination est à rechercher sur le marché, pas dans la création !), les grands architectes français sont partout, les bourgeoises siliconnées et botoxées de LA rêvent de notre couture...
Le malaise pour Time est plutôt dans le non-dit : le magazine qui fut le porte drapeau du jugement yankee entre 1950 et 1985 n'a pas survécu au net et surtout le jugement yankee est bien plus en perte de vitesse encore...
Après que sucer eut été déclassé au cours du quinquennat préliminaire en non-tromperie, Bush a réussi en deux quinquennats à faire que les US perdent leur statut d'Hyper Puissance : les BRICs émergent, l'arrogance militaire est au tapis en Irak, l'Habeas Corpus a été piétiné, l'économie croît mais sans superbe, n'arrêtant pas de se tordre dans les convulsions de ses propres crises (bulle des nouvelles technologies et maintenant des crédits pourris). Quant à la culture ?!
Pardon je n'ai pas pu m'empêcher de choisir un joli orange à porter sur les plages de Cuba, par exemple l'ensoleillée Guantanamo, cet hiver.
PS : j'adore toujours NYC.
14 déc. 2007
Malaise Yankee
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4 commentaires:
un peu facile non?
Amélie vaut bien un navet sirupeux de nos amis US, mais faut il s'en vanter pour autant? un navet contre un navet, quel grandeur en tirer ?
Un anti-américanisme un peu primaire, alors qu'un grand garçon cultivé comme toi devrait peut-être porter un regard un peu plus critique sur notre "création contemporaine" ....non?
Je sais bien que le commerce de l'art l'emporte sur l'art , mais doit on s'en féliciter ?
La création subventionné par le contribuable pour le contribuable a-t-elle fait emerger de grands artistes en France ces dernières années ????
Ils zavaient ka pa commencer... c'est vrai que j'ai un fond d'antiamericanisme systématique que je concilie d'ailleurs assez mal avec mon adminration pour l'énergie de ce pays. Mais la réélection de Bush a été de trop !
Amélie c'est pour se mettre au niveau des journos de Time ! Les américains ont adoré, c'est juste cela qui compte ds la démonstration. Par ailleurs on a Rohmer et Cadinot !
Mon point sur la création contemporaine (marché effectivement aux mains des américains) est là aussi destiné à montrer qu'à l'aune de leurs critères, on se tient plutôt bien pour un pays de 60 millions de crypto-marxistes ?
Les subventions à la création vont surtout à la scène, au théatre, la danse, la musique et l'opéra... Christie est résident à Caen, les productions des Operas de Paris sont régulièrement encensées dans le FT, les mises en scènes qui revisitent les classiques au Français sont souvent excellentes, etc. J'ai déjà écrit ici que le budget de la culture devrait aller à l'essentiel et je te rejoins, mais ce n'est pas le débat : les US ne sont pas mes amis, en général mes alliés, et certainement pas mon modèle culturel, alors quand ils portent des jugements...
Et puis c'est vrai que pour revenir à mon préliminaire sur leur puissance et leur énergie, je ne peux m'empêcher d'être en colère qu'ils aient ainsi gâché leur capacité à être un référent moral pour le monde, nous laissant quelque peu orphelins.
Consolations :
_il s'agissait de la version "europe" de Times, pas celle "US".
_La directrice artistique du New-Yorker est française depuis 1993.
-"Ratatouille"film de Pixar, CA.
distrayant de joyeux clichés.
_le groupe "Justice"qui fait vibrer la planète.
Et puis,à l'ère du web, tu sais plus que personne que la culture n'est plus liée à la zone géographique où notre corps se meut. Encore moins à notre langue textoïsée, plus respectée au Québec que dans notre terroir germano-pratin.
-Je conseille le visionnage piraté de "Californication"(voir google) pour se réconcilier le temps de 12 épisodes de 30mn avec l'immonde L.A mais surtout une liberté de ton qui fait passer Bret Easton Ellis pour un cureton de st gilles.
Non pas facile, juste !
Plus je vis aux US, plus mes clichés sur ce pays se confirment hélas... et ce n'est pas mon Thanksgiving 2007 dans la sinistre Houston, ou j'ai commis, en compagnie de sinistres texans, d'horribles turpitudes 'gastronomiques' (dinde frite, fourrée au poulet, lui-meme fourré au pigeon, lui-meme fourré sans doute au colibri...) qui me fera changer d'avis. Quant a Washington DC... no comment ! Qu'attendre de toute façon d'un pays sans culture urbaine (hormis NYC et Chicago) ?
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