Mis à profit le break de fin d'année pour lire la Mauvaise Vie de Frédéric Mitterand.
C'est bien écrit (moins lyrique que ses portraits de stars, mais très fluide, élégant, grammaticalement juste et intelligent), mais Grand Dieu, que l'on mesure le chemin parcouru en peu de temps par notre communauté dans la conquête de son existence, en découvrant les affres de la culpabilité permanente de FM (le neveu - on aurait aimé que le sens du scrupule fût familial) !
Non, ce n'est pas une mauvaise vie, c'est une vie, pas plus disgracieuse ou immorale que d'autres, quelque soit l'orientation sexuelle ou la structure familiale, juste un peu confite dans toutes les turpitudes que l'âme humaine sait inventer (et nous sommes tous féconds). Ce qui est dommage c'est la non-assumation, qui ressort de cette recherche perpétuelle d'excuses (ma nounou par ci, etc par là), encore que, et c'est là le paradoxe du livre, il a dû en falloir du courage pour écrire les échecs et décrire les scènes pathétiques... c'est là le charme de cette lecture : ça coule tout seul, sans mise en perspective complexe, mais quand on cherche une réflexion d'ensemble, on n'arrête pas de s'interroger. Et notamment sur le sentiment d'impuissance face au monde de quelqu'un qui réalise de belles choses par ailleurs.
L'extrait choc : "Maintenant cet homme est fatigué et il pense qu’il ne doit plus se mentir à lui-même pour tenter d’obtenir que la vie qui lui reste ne soit pas aussi mauvaise. Mais il ne sait pas ce qu’il résultera de cet effort".
Le bon ton : la description du voyage en Grèce avec la déception amoureuse triviale et l'errance qui s'en suit.
Je préfère le FM et ses billets d'humeur dans Libé ou ses portraits raffinés de stars ou autre Hailé Selassié.
Pour mémoire, 26 mai 2007 dans Libé :
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Denis Baupin me surveille
Je me déplace à Paris en scooter, mais si je me prends parfois pour Nanni Moretti, je sens bien que Denis Baupin me surveille. Depuis qu'il a pris la mairie en otage avec son escouade de talibans écolos, ma ville natale accumule les blessures, du boulevard Montparnasse transformé en couloir de Dortmund aux corridors cadenassés de margelles en ciment qui asphyxient le trafic. Je m'étonne du prétendu acquiescement des Parisiens à ces mesures et au déferlement d'initiatives encore plus violentes qu'on nous promet, hormis une excellente tribune publiée dans ce même journal il y a quelques mois et les coups de gueule de Claude Lanzmann. Mais à quoi bon rappeler qu'une vieille cité ne peut se transformer que sagement et que, pour vivre avec son temps, elle n'a surtout pas besoin de devenir un musée pour cyclistes qui brûlent en ricanant les feux rouges et un Luna Park à bobos qui se fichent des personnes âgées désorientées, morigénées, quand elles ne sont pas tout simplement écrasées. Tout de même, le maire de Paris devrait se méfier de ce sentiment d'impuissance lourd de rancune électorale qu'éprouvent ceux qui veulent vivre et travailler dans une ville industrieuse.
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2 commentaires:
avec un L décalé sinon il décolle pas...sorry.
pas lu - je vais étudier - cela a l'air plus "rude"...
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