24 nov. 2007

Il Sant' Alessio ou "Benoît XVI lit Têtu"

19:30 au théâtre des Champs Elysées ce vendredi soir : William Christie et les Arts Florissants pour la première représentation parisienne de leur production du Sant'Alessio du très inconnu Landi, star en son temps. Mise en scène : Benjamin Lazar.


Landi : 1587-1639 - Sant'Alessio pour Saint Alexis : 1632 dont pix de la mise en scène d'origine ci-dessus.

L'ensemble laisse perplexe mais réjoui.

L'oeuvre n'est pas d'une construction très heureuse avec beaucoup de longueurs sûrement pour cacher les faiblesses de la légende romaine d'un fils de famille qui se fait ermite... chez ses propres parents au fond d'un escalier (très crédible), le tout pour se retrouver lui-même ? gagner son paradis ? racheter on ne sait quel péché personnel ou de la bonne société de Rome ? on ne saura pas... Il finit par mourir Saint, mais on ne sait pas ce qui le lui vaut (à ce rythme, le XXIème siècle, grand producteur de SDF, serait un siècle de sainteté frénétique !).

Bref l'intrigue et le livret souffrent de la bêtise d'une fantasmagorie religieuse absurde. La production qui regroupe actes 1 et 2 sur 1h50' avant l'entracte souligne la lourdeur de la composition.

La partition est superbe - légère si on excepte les versions romaines de la bourrée auvergnate qui nous rappelle que la ville était d'abord provinciale.

L'exécution (musique et chants) est parfaite - sans fautes et semblant rendre toute la dimension d'une oeuvre du XVIIème siècle avec les ambiguïtés soulignées précédemment.

Mise en scène très heureuse, avec une économie de moyens mais pas de minimalisme déplacé, soulignée par des costumes à la romaine qui contribuent à une atmosphère intrigante mais cohérente avec l'oeuvre.

Christie et Lazar se sont visiblement fait plaisir grâce au jeu ambigu qu'autorisent le recours aux contre-ténors travestis ou non (requête papale qu'il n'y eut pas de femme sur scène), la présence du jeune Alexis, les anges et les pages surnuméraires, les déclarations ambivalentes du diable sur le Saint en devenir, sans oublier la désertion du lit conjugal par Alexis avant la consommation du mariage... On est presque chez Pierre et Gilles... Un ange au carré blond n'avait pas besoin de caresser les cheveux du futur Saint mourant durant 10' ? Quant aux poses berniniennes imposés aux jeunes hommes, on voit bien où on voulait en venir ! Le Monde, bêtement pudique, parle de sensualité, là où l'homoérotisme est évident. En fait on assiste à un délire religieux sublimé pour Têtu.

PS : mettre des limites d'âge pour exclure les vieillards cacochymes (crachotteurs, renifleurs, tousseurs, etc) des opéras.

1 commentaire:

trancoso a dit…

Evidemment pour toucher à la sainteté au Théatre des Champs, ce n'est pas gagné, avec tous ces vieillards, en manteaux et toques de fourrure, qui ont oublié qu'ils étaient venus écouter de la musique et qui nous font subir leurs petites rengaines de raclements de gorge et quintes refoulées, nous enchainant ainsi au terrestre alors que nous ne demandons qu'à quitter nos corps...Mais y aura-t-il encore un public pour cette musique dite classique, dans une ou deux générations?